Le Pèlerin

Voyage ornithologique en Espagne: partie 2 - des Pics d'Europe à la Rioja et aux Pyrénées

30 Juin 2012 , Rédigé par Le Pèlerin Publié dans #Observations ailleurs

 

périple

Notre périple en Espagne

 

 

Après trois jours dans les Pics d'Europe, nous sommes descendu en direction de Saragosse, mais avec une escale dans la Rioja. Notre but était de passer dans les Bardenas Realles.

Le paysage de la Rioja est spectaculaire: de la vigne sur les coteaux, des champs de céréales et des friches sur les pentes les plus raides. Mais les parcelles sont relativement petites et les collines sont souvent couvertes de garrigues. Les champs d'éoliennes sont également nombreux et spectaculaires. Nous n'observons que peu d'oiseaux, si ce n'est toujours des Vautours fauves, encore et toujours, tout le long de l'autoroute. Nous trouvons un hôtel à la sortie de Logroño, pas très loin de l'Ebre.


paysage eoliennes

Nous visitons cette ville, sous une chaleur incompatible avec les habitudes d'un Franc-Montagnard: 39°C. Heureusement il y a un peu de fraîcheur dans la cathédrale. En sortant, les Cigognes blanches viennent se poser sur les toits de la ville, par dizaines. Nous partons en direction des Bardenas Realles le lendemain matin, dans la Navarre.

paysage

L'érosion a sculpté des paysages uniques en Europe, et l'endroit paraît désertique. Nous ne sommes toutefois pas allé dans les endroits les plus spectaculaires, mais le site de 425 km2 est splendide. Nous repérons tout d'abord, comme partout ailleurs, le Vautour fauve, mais aussi très rapidement l'Aigle botté. Le Traquet oreillard est également partout, tout comme une foule d'Alouettes et de sylvidés. Nous trouvons sur un étang des Cochevis, sans doute de Théckla, des Moineaux domestique, des chevaliers, des Râles d'eau, entre autres. Les oiseaux sont difficilement identifiables, tant ils se faufilent rapidement dans le maquis. A peine le temps de distinguer un piaf qu'il disparaît. Par contre des vautours, toujours des vautours. Ils sont un peu moins nombreux que dans les pics d'Europe, mais réguliers. Du haut des plateaux, la vue est magnifique, notamment en direction de l'est. On distingue les premiers contreforts des Pyrénées. La plaine à l'est des Bardenas est bien plus verte. Un grand canal la traverse, et il semble que les champs sont des rizières. Partout de petits canaux irriguent les parcelles. Un Busard des roseaux écrasé sur la route nous fait nous arrêter et ce sont des dizaines de Cigognes qui s'envolent à côté de la voiture. Et les Guêpiers d'Europe commencent à se faire voir. Il y a aussi des milliers de Martinets noirs, des centaines d'Hirondelles, des Alouettes et Cochevis partout, des Cisticoles….Plus loin, un simple étang de 100m de diamètre réunit une quantité d'oiseaux incroyable: des Gardes bœufs par centaines, des Echasses blanches également par centaines, des Goélands leucophées, et le seul Grèbe huppé du séjour.


paysage etang

 

 

Cet étang est situé à deux pas d'un abattoir. Les villages sont très rares, mais régulièrement réparties dans le paysage on trouve des fermes, certainement des porcheries. Nous reprenons la route principale en direction de Saragosse, sans nous douter du spectacle qui nous attend bientôt. Cette route longe des falaises dont les couches géologiques sont bien visibles. Certaines sont constituées de sel parfois exploité.

Il fait chaud, personne sur la route ou presque. Pas un village, pas un hameau. Au loin quelques Vautours tournent dans un thermique. Plus nous approchons, plus ils sont nombreux. Il y en a des centaines... qui débouchent d'un petit vallon et traversent la route.

vautour tauste

Nous prenons un chemin de terre qui monte dans ce vallon. Des Vautours partout, posés ou en vol à 5 mètres au dessus de nous. Plusieurs dizaines sont rassemblés sur un bloc de rocher...

 vautour rocher

 

 

... d'autres sont sur les poteaux électriques. Dans le thermique il y en a au moins 200, au sol, au moins 100. Nous les approchons, les croisons, pour arriver vers une porcherie où 5 ou 6 volatiles se battent sur un container. Dedans, des porcs morts... c'est la raison de cette curée. Nous pouvons nous arrêter à 5 mètres d'un individu que nous photographions.

vautour seul

D'autres sont sur les pentes du vallon et nous regardent tranquillement. La station service au milieu de rien est la bienvenue pour nous rafraîchir et nous remettre de nos émotions. Et nous arrivons à Saragosse, où il fait chaud, très chaud. On est dimanche et les tapas d'un bar font bien l'affaire.

Tout près de la ville, il y a un site à Sirli de Dupont. Nous y allons le lendemain matin. Le livre qui me sert de guide est précis et nous trouvons facilement le site. Mais de Sirli, point, ou tout au moins pas identifié. Le vent est fort, les oiseaux nombreux, mais silencieux. Nous notons tout de même des Cochevis de Théckla et d'autres alouettes tellement furtives et rapides que je ne peux les identifier. Le site est une plaine, sèche, avec des herbes brûlées. Nous repérons de nombreux Craves à bec rouge, mais peu d'autres espèces, sans doute cachées à l'abri du vent. Nous croisons un garde qui vient alimenter en eaux de petits abreuvoirs pour les lièvres, lapins et perdrix rouges. Nous baragouinons trois mots pour essayer de faire comprendre qu'on vient voir des oiseaux. Un grand tour dans la plaine ne nous permet pas de découvrir grand-chose d'autre. Sur le chemin du retour, une chaîne barre la route avec un puissant cadenas…..le garde l'aura fermée. Par chance un retour en arrière et un passage périlleux dans un fossé nous permet de contourner cette barrière. Nous prenons une route en direction de l'est, dans un décor sauvage, une garrigue peuplée de buissons bas. Un rapace foncé longe le haut de la crête. C'est un Aigle royal immature. Il s'approche, plonge dans les buissons à 100 m de nous. Reprend de l'altitude et s'approche encore. Il plonge à moins de 20 m de nous, sur un lapin qui zigzague dans la garrigue. Impressionnant, fascinant ! un Aigle royal, à 20 m, on y voit ses yeux, mais on n'en croit pas les nôtres.

aigle royal saragosse

Le long de cette route, nous voyons beaucoup d'Aigles bottés de forme claire, toujours des Vautours fauves, des Cochevis huppé et de Théckla, quelques autres alouettes indéterminées.

Cette fois nous nous dirigeons vers les premiers contreforts de Pyrénées, vers Huesca. Avant de trouver un hôtel à Berge, nous nous arrêtons quelques fois. Nous rencontrons de nombreuses Pie-grièches à tête rousse. Parfois, on en voit une tout les 300m sur les fils électriques. Nous mangeons en compagnie d'une Huppe fasciée. Des vallées montent encore des Vautours fauves. La piscine de l'hôtel nous fait un bien fou. Nous sommes survolés par des Vautours. Il y a un charnier alimenté régulièrement dans le coin. Nous montons dans le parc naturel de la Sierra et cañons de Guara. À nouveau un joli paysage nous entoure. Des Guêpiers d'Europe tournent un peu partout (un est même écrasé sur la route). Une Huppe se pose presque sous la voiture. Nous voulions essayer de voir le Gypaète barbu, chou blanc. Par contre Circaètes Jean le Blanc et Aigles bottés sont bien présents. Nous cueillons quelques amandes  "fraîches" dans d'immenses vergers. Des oliviers impressionnants composent d'autres vergers. Nous n'avons malheureusement pas trouvé le Traquet rieur, mais il est vrai que nous ne nous sommes pas beaucoup éloignés des chemins.

 

Pour le retour, nous choisissons de traverser les Pyrénées par le tunnel de Bielsa. Nous prenons des chemins de traverse pour trouver la vallée d'Ainsa. Bien nous en a pris, un vol matinal de plusieurs dizaines de Vautours fauves prend de l'altitude juste au dessus de nous. Ils sont au moins deux cents. Ils remontent la vallée. Une fois le tunnel traversé, nous nous arrêtons dans une bergerie pour y acheter du fromage. Un Circaète posé sur un sapin nous surveille. Un autre se balade un peu plus loin avec un serpent dans les serres. En redescendant sur le versant français, des dizaines de Milans noirs cherchent à passer les hautes cimes pyrénéennes. Pendant qu'un "thermique" se développe et disparaît, des dizaines d'autres Milans noirs se suivent à la file indienne. Deux cents, trois cents, difficile d'estimer le nombre, les oiseaux les plus haut disparaissent dans la brume d'altitude.

 

Nous escaladons les cols d'Aspin et du Tourmalet. A nouveaux des Circaètes nous suivent pendant l'ascension. L'un, qui vole à côté de nous, transporte un serpent, qui raccourcit à vue d'œil. Il avale le reptile en volant !
Nous profitons d'un dernier arrêt ornithologique sur le versant nord ouest du Tourmalet. Ce col, sur ce versant, est vraiment impressionnant. Nous observons les derniers Vautours fauves, mais des français cette fois, des Chocards et vraisemblablement des Craves, des Traquets motteux….
Il est certain qu'un séjour au mois de mai aurait pu remplir le carnet de note avec plus de sylviidés ou d'alaudidés. Nous aurions pu voir aussi certainement l'Outarde canepetière, le Traquet rieur, le Gypaète barbu, et tant d'autres. Mais les images que nous avons dans la tête ne sont pas tributaires des saisons. N'empêche, celui qui veux voir des rapaces, très facilement et de très près, doit aller en Espagne.

 


Texte et photos: Martial Farine


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